Aurélien a fait un service civique au sein de l’association de mars à novembre 2022 et il revient sur son expérience en tant que personne autiste.

Bonjour,

Je m’appelle Aurélien, âgé de 23 ans, j’habite dans le nord de l’Alsace et comme 700 000 personnes en France, je suis autiste.

Ce trouble de neurodéveloppement a des conséquences sur mon comportement, ma compréhension, mes émotions et même mes passions.

Par exemple, je suis passionnée par EuropaPark (un complexe de loisirs situé à seulement quelques kilomètres de la frontière franco-allemande). Je suis aussi passionné par les parcs d’attractions en général (parcs aquatiques également).

Il existe dans l’autisme ce que l’on appelle les intérêts restreints. Cela peut se définir comme deux ou trois sujets qui me passionnent et qui me prennent beaucoup de temps autant dans la pensée que dans les actions.

Je peux par exemple passer beaucoup plus de temps à parler de mes passions sans me fatiguer, ce qui n’est pas forcément le cas des personnes neurotypiques.

Concernant mes émotions, là aussi j’ai quelques différences. Lorsque quelque chose me contrarie, lors de situations frustrantes ou anormales, je peux avoir du stress et des réactions plus importantes que normalement. Parfois ces états de stress peuvent presque me faire perdre ma raison et par conséquent me paralyser. Ces émotions étaient particulièrement présentes en moi lors des deux années “COVID”, c’est-à-dire 2020 et 2021, lorsque les restrictions étaient omniprésentes.

Enfin, lorsque je suis surpris, je mets longtemps à me rendre compte de la situation. Par exemple, lorsque je réalise le temps qui passe ou le changement physique de personnes que je connais. Je peux avoir des réactions d’étonnement et parfois je n’arrive pas à reconnaître la personne que je n’ai pas vue depuis un certain temps. Parfois ces réactions peuvent porter à confusion et mener à des réactions de la part de ces personnes.

Tout ça pour dire que mon autisme se résume à mon fonctionnement atypique, à ma gestion et compréhension des émotions.

Pour ce qui concerne les émotions, j’ai tendance à les ressentir de manière plus intense que les personnes neurotypiques et leur expression peut s’avérer quelques fois surprenantes aux yeux des personnes qui ne me connaissent pas. Ma mauvaise compréhension ou ma maladresse peut m’amener à vivre des situations déstabilisantes voire incompréhensibles pour moi.

J’ai passé 8 mois au sein de La Maison du Compost, j’ai beaucoup appris :

Dans l’emploi, afin que je sois le plus épanoui possible, j’ai besoin de consignes claires, de reformulation, pas d’implicite et d’avoir un référent pour chaque tâche à effectuer.

Lorsque j’étais à “La Maison Du Compost” j’ai tout d’abord participé à la formation sur le compostage.

Au quotidien, je m’occupais du site de compostage de l’association (brassage des bacs, livraison des bacs de compost, transfert des biodéchets du bac d’apport au bac de maturation). En complément, je réalisais également des missions au bureau de l’association, en effet je m’occupais du forum du Réseau Compost Citoyen en recensant les sujets d’échanges, je réalisais également des affiches à partir de logiciels informatiques.

Occasionnellement, je participais à des animations ayant lieux un peu partout dans la région, ainsi que des interventions au sein des établissements scolaires (écoles maternelles, élémentaires, collèges, lycées…).

Pour chacune de ces activités mes collègues m’ont accompagné en me disant comment je devrais procéder et comment se déroulait précisément l’activité en question. Mes forces était d’assimiler assez rapidement les notions liées au compost. Cependant mes faiblesses sont que je fais certaines tâches trop rapidement en brûlant parfois les étapes.

La première fois que j’ai fait une animation j’ai eu peur, car j’ai dû me confronter au regard des autres et j’avais envie de bien faire.

Une des particularités de l’autisme est la difficulté dans les relations sociales et communicationnelles ce qui m’empêche des fois d’avoir une compréhension globale de la situation lorsque je suis en groupe.

Cependant à la différence des personnes neurotypiques j’ai tendance à mettre longtemps à m’adapter à mon nouveau lieu de travail. Et c’est d’autant plus vrai lorsque je dois effectuer de nouvelles activités comme préparer une animation « kokedama ». Je ne sais pas toujours par où il faut commencer et je peux mettre longtemps à exécuter cette tâche. Je n’arrive pas à trier les informations notamment pour faire la différence entre ce qui est urgent et important. J’aime les routines, ce qui est également typique d’une personne avec TSA. Ces routines me rassurent et me permettent de rester efficace dans mon poste ou mon quotidien. J’ai besoin de planifier un maximum mes tâches pour ne pas les oublier et être sûr de les mener à bien.