Cet article est un extrait d’une présentation orale réalisée par Emilie, salariée de l’association, lors de la conférence de presse du 17 octobre 2022 sur le calendrier de déploiement de la collecte des déchets alimentaires sur l’ensemble de l’Eurométropole de Strasbourg.
L’importance du compostage, ce qui le distingue de la collecte.
Le compostage et la collecte sont bien complémentaires...
Cela va dans un même sens de sortir les biodéchets des ordures ménagères (de la poubelle bleue) et donc de l’incinérateur.
Mais il y a des différences…
Ce qui est important, c’est de comprendre facilement les enjeux de ces solutions pour faire un choix éclairé en tant qu’habitant·e. Et de bien nommer les choses pour savoir de quoi on parle.
Via une illustration, celle de la pyramide de la hiérarchie des déchets, on peut illustrer une notion cruciale qu’est l’importance de la prévention si on veut enrayer l’augmentation constante de production des déchets.
Dans les grands principes partagés sur les déchets, il y a cette pyramide (qu’on retrouve sur le site de l’Ademe, de Zero Waste France, du Ministère de la Transition écologique…), c’est une traduction imagée de la réglementation européenne transposé en droit français.
La priorité dans la gestion des déchets, c’est la prévention qui comprend :
– la réduction à la source
– le détournement
Les citoyen.nes en initiant des sites de compostages, via l’accompagnement de la MDC (et le soutien financier de l’EMS), abordent aussi les manières de réduire le gaspillage alimentaire et les déchets de jardin (les fameux déchets verts).
En clair, lorsque nous intervenons sur une demande de compostage, on parle nécessairement de transformer sa baguette de quelques jours en chapelure ou en pain perdu plutôt que de la jeter, de réutiliser ses tailles de haies en paillage.. plutôt que de l’emmener à la déchetterie.
Cette action permet de réduire à la source les flux de matériaux organiques qui ne deviendront finalement jamais des déchets. Ils ont été évités.
Dans le schéma, on voit que la méthanisation (la solution de traitement) après la collecte, se situe au niveau de la valorisation énergétique. La matière est devenue déchet car on l’a abandonné, on traite un déchet produit, dans notre cas, les matières organiques déposées dans les bornes.
C’est un peu mieux que l’incinérateur qui fait de la valorisation énergétique (car il existe une partie solide, le digestat, qui, s’il est bien fait, peut revenir au sol) et encore mieux que l’enfouissement mais cela reste beaucoup moins vertueux que le compostage qui permet par ailleurs d’éviter des pollutions et économiser l’énergie liées au transport des matières (ici la circulation des camions entre borne, biodéconditionneur Valorest au Port du Rhin puis vers le centre de méthanisation d’Oberschaeffolsheim ), et au traitement des biodéchets lié à la transformation (énergie pour faire fonctionner ces infrastructures).
Différence majeure donc, le compostage relève de la prévention des déchets (et d’une gestion de proximité des biodéchets) tandis qu’une collecte destinée à un méthaniseur, relève du traitement des déchets.
L’autre différence se situe dans le type de gestion :
> Le compostage relève de l’auto-organisation citoyenne, en individuel ou en collectif (avec le soutien financier de la collectivité, je rappellerai le dispositif d’aide de l’EMS juste avant de finir), en compostant, nous gérons nous même sur place les déchets que l’on a produit en mangeant, en jardinant… On accompagne les personnes vers l’autonomie.
> La collecte + méthanisation relèvent de l’organisation par une administration territoriale et d’un acteur économique industriel.
Si on dresse un panorama du compostage sur l’EMS, on peut dire qu’il y a une dynamique vigoureuse initiée par les citoyen.nes du territoire : il y a plus de 220 sites de compostage sur le territoire dont 66 sur l’espace public.
On évalue (en fourchette basse) le tonnage détourné de la poubelle à 245 tonnes pour ces seuls sites, ce qui n’est pas négligeable.
A partir de la carte développée par la MDC via un outil open source et collaboratif (GogoCarto), il est possible de retrouver les sites au plus près de chez soi y compris ceux partagés qui ne sont pas sur l’espace public et qu’on remarque donc moins en balade (visibilité réduite).
C’est l’occasion de rappeler la variété des possibilités de composter : en co-propriétée, chez les bailleurs (Le Foyer Moderne dispose par exemple de plus de 15 sites de compostage partagé, Habitat de l’Ill installe actuellement de nouveaux sites à la demande de leurs locataires…) ou dans des établissements (scolaires, pour personnes âgées, l’EHPAD Emmaus Diaconnesse, détourne 10 T/an de la poubelle par ex…)
Ouvrir un site de compostage, c’est une démarche dans laquelle on n’est jamais seul et même pour composter chez soi avec un vermicomposteur, vous serez toujours accompagnés (atelier gratuit tous les mois où on peut venir se former).
Un dispostif de la collectivité permet de subventionner l’achat de matériel et un accompagnement jusqu’à ce que vous soyez autonome et prêt à produire de compost ! Toutes les infos sont disponibles en ligne à ce lien.
Le compostage permet d’abord de réduire le gisement de biodéchets. C’est aussi ainsi que nous pourrons dimensionner au mieux les exutoires. Si l’on prévoit un grand méthaniseur, on peut difficilement faire de la prévention, car l’intérêt économique (de rentabilité) est de l’alimenter au maximum ensuite.